Je me suis pointé (un peu par superstition) à Tottori, au nord, vers la mer. Si loin que le contrôleur d’un train a rit en faisant à un passager random : « Haha il va jusqu’à Tottori ! » Pis j’ai dû payer un supplément car on squattait une portion de voie d’une compagnie privée. J’ai ensuite marché d’un bon pas toute la journée, décidé à atteindre la mer à pieds, à la longer un peu, puis à filer vers la gare. C’était violent, alors quand j’ai commencé à voir des piafs chelous et à sentir de l’iode, j’étais ému de ouf. Je me suis retrouvé dans un coin avec un vent à décorner les bœufs, et juste un pauvre pêcheur isolé au loin. C’était… puissant.

J'avais réduit la durée d'exposition au cas où le piaf bouge, mais finalement ça a surtout capturé le mouvement de la flotte. Flotte que j'ai d'ailleurs peut-être trop mise en avant aux détriments du piaf qui se retrouve assez sombre, mais ça créé un contraste marrant et le rend presque imposant, impassible et tout.

Pas forcément évident à voir, mais c’est une bouteille d’eau partiellement ensablée. Je ne mets pas cette photo en mode « booooo pollution » : j’étais fasciné par cette espèce de vide souterrain, avec cette condensation et tout. Je me disais qu’il devait y avoir tout un écosystème chelou dedans. Mais bon, je dois quand même dire qu’il y avait une chiée d’objets à la con, dans ce coin de place… Ça, le vent et la solitude faisait vraiment post-apocalyptique. Oh et je trouvais aussi que les grains de sables semblaient diversifiés et précieux, vus de près.

Avant de quitter Tottori. On dirait qu’il fait nuit ou que j’étais limite en intérieur alors que pas du tout. Je traînais devant la gare. Tain, j’avais posé un sac de déchets pour mieux prendre cette photo, et je l’ai oublié en partant. L’un des gros regrets du voyage, haha.

Je n’ai pas foutu grand chose à Kanazawa, je crois. Je me suis retrouvé encore une fois dans des machins ayant limite l’air d’être abandonnés.

Allez, on va pas m’accuser de faire le pseudo-artiste pour un malheureux noir et blanc sur genre soixante-dix-neuf photos, si ? Je l’ai prise à travers une fenêtre mal en point, en me disant que je devais (comme souvent) avoir l’air d’un cambrioleur. Je n’y voyais pas grand chose et ne comprenais pas trop ce que j’étais en train de photographier. Lors du post-traitement, j’ai pu voir avec trop de précision ce que la pièce contenait, et on y trouvait beaucoup plus de couleurs – moches et dépareillées – que je ne le pensais. J’ai testé le noir et blanc un peu pour déconner, mais assez vite je me suis rendu compte que ça empêchait les couleurs à la con d’attirer mon œil pour rien, et je me suis mis non seulement à retrouver un peu l’ambiance louche et mystérieuse de quand j’étais sur place, mais aussi à pouvoir me concentrer sur des trucs plus variés et précis.

Le long d’un fleuve. J’en ai suivi pas mal, des fleuves. C’est pratique, ces machins-là. Heureusement qu’on les a inventés.

J’étais le seul connard à grimper sur des pseudo-marches cheloues pour atteindre et photographier ce truc. Ça devait faire bizarre.

Couleurs dégueulasses, mais j’ai fait ce que j’ai pu. Sombre et pas trop la place pour poser mon mini-trépied.

À Nagasaki, plutôt que de filer droit vers les monuments historiques, j’ai fait un gros détour par les montagnes. En fait, en partant de la gare, on peut très vite se retrouver dans des espèces de « favelas pas insalubres » avec des escaliers de gros guedin. Puis viennent des plantations de bambous, et POUM forêt-montagne. Puis d’un coup on retombe sur des maisons avec jardin et on se dit « MAIS WHAT ». Sur la carte, on peut assez bien voir la montagne que j’ai traversée du sud au nord.

Le parc de la paix de Hiroshima était tout sauf paisible, mais celui de Nagasaki était « cool ». Des tas de pays ont donné des statues, etc., avec des mots sur la paix. Je crois que le truc de la France est un peu moche, par contre. Sais pu ce que c’était.

Une de mes préférées depuis mes débuts en photos ? P’t’êt’. Pouvez pas savoir comme je me suis battu avec ces fleurs en post-traitement. Il y en a toujours une qui décide de devenir hideuse quand on s’occupe trop des autres.

Il y a une statue de près de dix mètres de haut d’un mec tendant le bras vers l’hypocentre de la bombe, et, devant ce mec, une fontaine, dans laquelle flottait ceci.

…

Avant d’entrer dans le hall du souvenir, les visiteurs sont invités à faire le tour d’une fontaine ronde toute paisible. Là encore, on est loin de la cohue de Hiroshima : j’ai effectué ce tour entièrement seul, en prenant mon temps. Ça faisait tout bizarre. Un peu tout m’a fait tout bizarre, dans ce coin-là.

Près du hall du souvenir, qui est dans un genre de sous-sol, on peut voir à travers une baie vitrée de l’eau tomber ainsi le long d’une paroi. Un peu plus loin, des gens regardaient un documentaire poignant. À part ça, le silence, et le soleil qui commençait à décliner.

J’ai visité le hall entièrement seul. Je me suis retrouvé devant les registres contenant les noms de toutes les victimes, avec juste le bruit de mes pas et le tintement – soudainement plutôt triste – des grelots accrochés à mon sac. J’avais déjà laissé couler des larmes à une quinzaine de mètres du monolithe noir marquant l’hypocentre, sans pouvoir m’approcher, et là, quand l’espèce de gardien m’a salué lors de ma sortie, j’ai senti ma gorge se nouer de ouf lorsque je l’ai remercié.

…

Extérieur du musée. Je n’avais ni le temps ni le courage de le visiter. Mais si un jour j’en ai l’occasion, je reviendrai probablement dans cette ville, et peut-être que j’y jetterai un œil.

Le dessus d’un petit poteau-pilier-truc. Comment ça s’appelle, déjà, ces conneries au bord des chemins ? Quille, borne…

On dirait des soleils un peu niqués.

On recommande de traiter les photos dans des conditions de luminosité proches de celles de la prise, et j’ai géré celle-là pendant un féroce orage…

Pas vraiment réussi à restituer ce que j’ai ressenti sur place, mais tant pis… Ce lieu avait du potentiel. Putain de rando faite en me dirigeant aveuglément vers des points à la con genre « petite cascade » repérés sur un plan vu sur le net pendant que j’étais dans le train. Seule fois où j’ai pris un bus pour m’éloigner de la ville (Beppu) et aller un peu plus dans la cambrousse. Après avoir causé en anglais genre quarante minutes à un restaurateur hallucinant. C’était ouf. J’ai vu un peu tout et n’importe quoi, depuis la grande centrale photovoltaïque jusqu’au parc d’attraction paumé en forêt au pied d’une montagne (et lui-même à une hauteur non négligeable).

On dirait des pattes de lapins désincarnées, donc c’est à la fois flippant et chou.

Chelou ce truc ici. Pis ce qu’on y voit me rappelle une pochette d’album.

L’un des points de repère de ma rando. Je me suis demandé pourquoi il n’y avait personne (en fait, j’ai croisé limite aucun mec durant ma marche). Réponse à la photo suivante, même si on ne verra pas de gens dessus non plus.

En fait, y avait genre la moitié du pays amassée au bord d’un lac, plus loin (un autre point de repère de mon circuit). Il y avait des jours fériés et tout, et un gros camping improvisé avait poppé ici ! Cela dit, maintenant que j’y pense, c’est quand même dingue qu’ils ne soient pas allés marcher un peu.

Je ne sais pas si c’est une boîte aux lettres, et je ne sais pas ce qu’ils ont foutu dedans.

J’avais zappé deux trois détails concernant Sasebo. « Pourquoi y a une zone grisée, sur ma carte ? Ah, c’est un truc réservé à la marine américaine… Mais pourtant, ça indiquait un restau au milieu ! C’était quoi ? … “Mc Donald’s”. OK. » Et plus loin, un ancien port militaire japonais reconverti en port plus pépère après la guerre, avec des gros bidules qui ont été utilisés pour retaper les bateaux et les changer en bateaux-pas-de-guerre. À un moment, je suivais aveuglément mon truc de guidage et je me suis retrouvé face à un Japonais qui me demandait mon passeport. Ahem.

…

Le rapport « toits stylés / toits moches » est plus élevé chez eux, je trouve.

Je commençais à avoir les pieds défoncés à force de faire une pseudo-randonnée par jour. En arrivant à Sasebo, je me suis dit « Aujourd’hui, je calme ma joie ». Puis, j’ai vu deux « points de vue » côte à côte sur ma carte et ma résolution n’a pas tenu. Un truc comme ça de chaque côté. Assez dingue. Mon appareil et moi n’avons cependant pas su capter les détails des éléments plus éloignés.

Toujours cette sensation étrange de lassitude mêlée à de la plénitude, en rentrant.

Il y avait un train doré complètement ouf qui était passé, mais je crois que là c’est juste le train normal de la photo d’avant. Un peu de redondance mais je les aime bien, celles-là.

Putain, elle est dégueulasse, cette photo. Y a pas mal d’offrandes improbables à des endroits improbables. J’ai une photo avec une quinzaine de bouteilles d’eau bien rangées, posées sur une tombe. Mais uniquement sur sa moitié gauche. Trucs du genre.

C’est une façon bizarre de finir mon triptyque de diaporamas japonais, mais bon, le fait est que c’est une des dernières photos que j’ai prises là-bas. Dans un endroit certes pas ouf mais un peu plus calme, me permettant de retrouver un peu mes esprits.