Notes sur de la zik

Alice M. – Décembre 2019

Yo.

En vrai ça ne sert à rien, ces intros. Enfin des fois ptêt mais là je sais pas quoi dire. Ah, si (retour ici après avoir fini le premier jet) : Globalement, je suis tombé sur pas mal de trucs accessibles, ce coup-ci. Par contre je passe parfois vachement du coq à l’âne. Normal.

Rappels rapides (copiés depuis les épisodes précédents) sur les lecteurs Bandcamp intégrés :

clipping.There Existed an Addiction to Blood

The horror show was so wack, you said you'd never go back.

Tiens, j’avais pas foutu de truc genre rap la dernière fois. Faut dire que j’y connais tellement rien. xD

C’est marrant, autant dans le métal les aspects « indus » me gonflent souvent, autant le Industrial Hip Hop ça va.

Après avoir sorti un « album concept afro-futuriste dystopique » avec des esclaves à bord de vaisseaux spatiaux, les mecs ont pondu un genre de recueil flippant de légendes urbaines, sorti vers Halloween. Des invités divers jouent des rôles plus ou moins chelous ; les sonorités varient vachement. Il y a aussi un moins gros abus d’interludes que sur l’opus précédent. Même quand on a du mal à suivre les paroles (c’est souvent, pour moi), on peut rentrer dans le délire, dans l’atmosphère, quitte à combler soi-même, à sa sauce, les trous de l’histoire.

L’album a fait pas mal de bruit (comme les précédents, à part pour les remixes à la con), et se classe même douzième de l’année 2019 sur RateYourMusic (plus fiable – ou en tout cas moins discriminatoire sur les styles et moins effrayé par l’audace – que les trucs gérés par des mecs en costard, à part que souvent les notes sur les trucs récents font un bref pic).

D’ailleurs ça me fait marrer, car mon père n’arrête pas de me dire genre « où est-ce que tu trouves tous ces trucs ? », et moi-même j’ai parfois l’impression d’écouter des trucs underground de ouf, et pourtant, quand on se fout sur les classements de RateYourMusic au lieu de boire les paroles des grands labels, on trouve plein de trucs que je connais, que j’ai testés, voire que j’adore (Cult of Luna vingt-quatrième en 2019 ♥). J’en arrive presque à me demander si j’ai autant de libre arbitre que j’aime le penser, haha.

Bon, je parle beaucoup, là. Bref, production de bâtard, quelques clins d’œil à leur attrait pour le noise, et…

It all ends with “Piano Burning,” a performance of a piece written by the avant-garde composer Annea Lockwood. Yes, it is the sound of a piano burning.

… mais ne vous inquiétez pas, l’album a quand même une durée potable même sans compter ça. Je vois ça comme un bonus ambiant et reposant (malgré les occasionnels « TZOING »).

Bon, par contre, je sais vraiment pas quelle piste mettre en avant ici, vu comme elles sont différentes. Ah, voilà. Sur celle-là, ils trollent les gars qui se prennent pour des truands et qui disent que la mafia c’est trop classe ; un personnage se la racle comme ça et finit par tomber sur deux vrais truands (joués par les invités du morceau) et se fait défoncer. Un bon vieux wall of noise final (pondu par un invité aussi) qui fait un peu mal au derrière nous signale que le mec perd plus ou moins l’ouïe et décède plus ou moins aussi. Les paroles officielles s’arrêtent brutalement en pleine phrase, et des gens essayent d’imaginer les jeux de mots qui étaient esquissés.

Si ces quelques secondes de noise vous étonnent, allez donc lire mon topo sur Merzbow, haha.

Cult of LunaA Dawn to Fear

A pariah with a heavy heart; his vision is long gone.

Ah bah tiens, je fais pas exprès, mais j’en parlais il y a deux secondes et voilà.

C’est marrant que je ne parle de ce groupe que maintenant : je bave devant depuis des années et que j’en suis déjà à deux nouvelles écrites sur des albums à eux. Peut-être que j’ai l’impression de jouer trop gros en m’attaquant à eux. Surtout que même moi il a fallu que je m’y reprenne à plusieurs fois pour complètement les comprendre. (Valable pour une partie non négligeable de mes artistes favoris.)

J’ai failli mettre la dernière piste, dont la fin m’a fait péter une durit en concert (tain j’ai fait Lyon–Paris pour ça), mais finalement j’en fout une autre, qui a le mérite d’avoir des gros bouts instrumentaux, dont six minutes au début, et qui ne démérite pas en épiquitude non plus. C’est une leçon de post-itude, avec des empilements et une atmosphère qui se ramène progressivement, le tout mixé avec minutie (Magnus Líndberg for the win).

Tain ce moment où le chant débarque soudainement, avec des notes plus claires derrière… Et l’outro ! Tain c’est pété. J’ai beau sauter sur un peu tout ce qui est étiqueté post-sludge et compagnie, je n’ai jamais retrouvé ce que ces mecs font. Sauf à la limite chez Izah, mais ils ont moins de bouteille et ça se sent quand même un peu.

D’habitude, le groupe pond un concept central fort pour chaque album. Ici, au contraire, ils se sont mis à écrire des trucs de manière indépendante et spontanée, pour voir quelles histoires en sortiraient. Ça se prête donc moins à une adaptation en nouvelle. Grr.

Blut aus NordHallucinogen

Moving skyward into freshly melodic territories of progressive clarity.

Bon j’ai ptêt déjà parlé d’eux mais c’est vieux.

Comme disait quelqu’un qui l’a écouté avant moi et qui se reconnaîtra s’il passe dans le coin : « la voix est un peu en retrait et il y a de la branlette de manche à la place ». D’ailleurs, en parlant de retrait, c’est aussi l’un des albums les moins dissonants du groupe. Sur ce plan, il rejoint la trilogie des Memoria Vetusta. Là où il s’en distingue, c’est que plutôt que de partir dans une thématique épique ou poétique ou mythologique, on est plus dans un trip halluciné (pas surprenant vu le titre), mais avec une approche très différente des « bwoooo bwooOOOoow bwuuuw » du stoner et compagnie.

La façon qu’ont ces gars de pondre des harmonies à coups de guitares sur des mesures parfois cheloues me renvoie souvent l’image de la double hélice de l’ADN : les lignes mélodiques s’emmêlent et finissent par former une corde tournoyante dans laquelle on ne sait plus quel brin était lequel à l’origine.

Comme souvent, on trouve des espèces de chœurs religieux ici et là. Ils ne me semblent pas blasphématoires pour deux sous, et ont plutôt tendance à former un peu leur propre religion, détachée de tout, comme dans un univers parallèle.

La qualité est assez constante, et les gens ne se mettront probablement jamais d’accord sur quelle piste est la plus cool.

IamthemorningThe Bell

Everything has its boundaries, including your grief.

En vrai, à la base j’avais prévu de faire un document uniquement sur des sorties de 2019, parce qu’il y a eu pas mal de trucs pour lesquels j’étais en mode gros fanboy. Sauf que j’ai traîné, puis mélangé ma liste avec nawak, et maintenant je me retrouve avec, sur les bras, des albums d’artistes dont j’ai déjà parlé. Mais ce n’est pas extrêmement grave. Pis Marjana est chou.

Après avoir consacré un album à la souffrance liée aux maladies mentales, ils s’attaquent ici à l’esthétique de l’Angleterre Victorienne. Ça peut faire craindre du gnangnan, mais ils font surtout une fixette sur la notion de cruauté, avec un parallèle montrant que la société moderne n’est pas spécialement plus cool que celle de l’époque en termes de « maturité émotionnelle ».

Je ne devrais pas avoir à pondre un pavé pour cet album. Il n’a rien à envier aux précédents (LOL les notes sur RateYourMusic sont quasi identiques pour les quatre), et à moins que pour une raison obscure vous soyez complètement réfractaires au concept de « rock progressif de chambre » (vaguement folkisé), les morceaux devraient pouvoir parler d’eux-mêmes. Seules quelques mélodies un peu torturées ici et là peuvent surprendre ; je pense qu’ils n’ont justement pas envie de tomber dans la facilité en mode « wo tout est beau et mielleux, yo ». Surtout qu’ils aiment expérimenter un peu, quand même.

On est nombreux à penser, pour un peu tous les albums qu’on aime bien, « c’est une hérésie que tout le monde n’ai pas testé ça au moins une fois » (ou des variantes à base de « ça devrait passer à la radio »). Dans mon cas, ça s’applique ici encore plus que d’ordinaire, je pense. C’est complètement pété, ce que ces deux-là font. C’est comme si des coupes en cristal s’étaient un beau jour dit « azy nique sa mère on va composer des trucs ».

Pis Marjana est chou.

LeprousPitfalls

The loop goes on and on, until my mind is gone.

Tain j’ai pas encore parlé d’eux ?

Plus ou moins top trois de groupes pour moi ces dernières années. Einar Solberg fait partie des gens qui font que je me dis souvent (sans forcément me bouger l’arrière-train) qu’il faudrait que je me mette à chanter. Et leur batteur est inhumain de précision, de souplesse et de créativité (avec parfois une tronche à incarner Doctor Who).

Les (rares) passages en chant non-clair avaient déjà été abandonnés sur l’album précédent. Ils continuent sur cette lancée, et ne cachent pas leurs influences plus pépères : des côtés un peu Archive ici et là, et même une reprise de Massive Attack en bonus. Alleviate donne même une espèce de leçon de presque-pop. Mais derrière tout ça trône toujours cette subtilité, ces travaux d’orfèvres qui se font de plus en plus apparents depuis déjà plusieurs albums. Il y a souvent moins de notes, mais elles sont jouées avec de subtils décalages ; les détails sont légions. Les instruments à cordes qui avaient poppé sur Malina font également leur retour, pour varier un peu plus les ambiances (qui l’étaient déjà assez bien).

Pour les thématiques, Einar venait de pas mal badder et a eu recours à la méditation pleine conscience (yaaay) pour débadder. Les paroles sont un peu moins obscures et ésotériques que d’ordinaire, avec des références assez directes à tout ça (« Breath in, breath out »), sans toutefois tomber dans la platitude ou le gnangnan. Pas mal de fins de morceaux dépeigne un regain de vigueur face aux difficultés et valent le détour. Si je n’avais pas un peu douté de la patience de certains lecteurs, j’aurais volontiers sélectionné Distant Bells comme morceau mis en avant. Les deux dernières minutes m’ont limite fait pleurnicher, la première fois. Plus ou moins idem pour la fin de At the Bottom. Putain. (Oui, ça mérite un énième « putain ».) Mais bon après je ne suis pas forcément un bon étalon.

En parlant de fins : notons que le morceau qui clôt l’album, The Sky Is Red, fait un peu un gros flashback en montrant que ces gars sont toujours capables de délivrer des fins apocalyptiques sur des morceaux un peu plus longs. Avec des « mwu mwu mwu, mwu, mwu » qui semblent cons au début mais qui sont, là encore, placés au poil d’arrière-train, l’un un brin plus tôt qu’on peut le penser, et l’autre plus tard (entre autres). J’étais limite le seul, en concert, à tenter de gesticuler en me calant correctement dessus. Et bien entendu ces « mwu » s’habillent peu à peu d’atours ténébreux pour un bon pétage de durit final.

ToolFear Inoculum

Elementary; Muster every fiber; Mobilize; Stay alive.

Encore un gros morceau ; je suis limite intimidé. Courage ; j’ai bientôt vidé la liste « trucs de 2019 qui m’ont mis en mode fanboy ».

Par où commencer ?

Pour ce qui est du groupe, donc, j’aurais tendance à vous envoyer lire la très bonne description présente sur Genius, mais je sais que la Terre entière est toujours super pressée. En quelques mots :

Enfin bon, voilà, c’est des gros monstres et j’aurais tendance à vous recommander de vous manger tous les albums pour voir. Il faut parfois attendre (pas trop longtemps) un déclic pour rentrer dans leur ambiance si chiante à décrire, mais après c’est la fête du slip.

AlcestSpiritual Instinct

Instinct spirituel, donne-moi la force d’embrasser les rigueurs de ce monde.

Dernier de ma série de « hype de 2019 ». Ptêt que sur celui-là je ne vais rien vous apprendre ; dépend du public.

Produit moins façon black lo-fi que certains des albums précédents. Le mix est d’ailleurs vachement sympa, avec des riffs nets qui annoncent les lignes de champ, des percussions sur le son desquelles les gens ne tarissent pas d’éloges, etc. (Et tain sur la fin de Sapphire, à chaque fois, je me défonce les doigts en tapant sur mon bureau.) Ça n’empêche pas d’avoir quand même des passages un peu aggro et conserve toute l’ambiance typique du projet sur les parties plus pépères. Tout sauf le chant a été foutu en analogique, sur des bandes magnétiques reloues à gérer et tout. Neige en est sorti un peu crevé.

Les trois premiers morceaux se classent – avec une aisance absurde – parmi mes préférés du groupe. Certains morceaux un peu plus vieux et DIY peuvent être un poil plus puissants émotionnellement parlant, certes, mais là on a des compos sympas et des mélodies de bâtard. La production a fait le reste. La seconde moitié m’a demandé un peu plus d’attention mais ne démérite pas forcément non plus.

Bref (peut-être qu’un jour j’arriverai à décrire un album sans dire « bref »), il y a du nouveau et du vieux, le tout bien touillé et bien servi.

Oh et pour la seconde fois de suite, on a droit à une pochette des français (ou Belges ou quelque chose de proche, je me rappelle jamais) de Førtifem. Ils commencent à être partout, ceux-là.

Tiens au fait, Perturbator a fait un mix à lui de Sapphire.

Il y a aussi eu un making of assez couillu, dans le sens où il s’agit juste d’images (sympatoches) en noir et blanc, sans paroles, avec en fond une version pépère instrumentale allongée de Protection (paraît-il tirée de la version de luxe). La combinaison des deux est assez reposante et contemplative.

Zola JesusLive at Roadburn 2018

In the static, you are reborn.

Un jour, je parcourais mon flux Bandcamp, et un début de morceau m’a mis sur le cul.

En fait c’était même chelou : j’étais tant frappé que j’ai tout de suite mis le morceau en pause, mis un marque-page pour écouter l’album plus tard, et continué à fouiner dans mon flux. Comme si je ne me sentais pas prêt. Je crois même que un ou deux jours se sont écoulés avant que je n’y revienne. Peut-être aussi que j’appréciais l’idée de me garder un truc semblant cool au chaud (haha no pun intended).

Bon par contre pour vous c’est moyennement pratique car c’est le dernier morceau du concert. Mais ça rend la performance d’autant plus impressionnante. Autant à certains moments du concert elle montre des micro-faiblesses, autant là elle donne tout ce qui lui reste. Bam.

Ça me fait un artiste de plus à classer dans ma catégorie mentale des « meufs cheloues-choux un peu dark qui se démerdent relativement seules pour composer et interpréter des trucs stylés ». Et qui ont un background un peu métal. Parce qu’il n’y a pas à dire : il n’y a pas que le style qu’on interprète, qui compte : les sensibilités, la culture et les affinités de l’artiste transparaissent de manière subtile ici et là, généralement. Un peu à la manière d’une même recette qui donnera un résultat différent selon l’identité du cuisinier.

Mon père trouvait que ça faisait genre Rihanna, des fois. Alors OK, ça m’avait traversé l’esprit trois secondes à cause de la voix, mais putain, en fait c’est assez insultant. Comparer :

Et encore, j’ai pas fouillé à fond la vie de l’une et de l’autre, car une vie j’essaye d’en avoir une moi aussi, haha. Mais bon, vous voyez, quoi : peut-être que Rihanna est plutôt bosseuse malgré l’assistance qu’elle reçoit (je me suis forcé, et c’était pénible, à parcourir des bouts de son article Wikipédia), mais ce n’est pas du tout le même style, humainement (et même musicalement, au fond) parlant, et surtout, je ne me retrouve pas du tout dans une grande partie des choses qu’elle « représente ».

Gnnnn je me retiens de dire « bref ». De toute façon, j’ai déjà abordé tout ça (probablement de manière plus puérile) il y a des années dans un autre document : j’ai besoin de sentir qu’on me transmet quelque chose de véridique, concret, spontané, naturel ; pas qu’on me fourre dans le gosier un tube de gavage pour y balancer de la pop-dance-truc-bidule vue et revue ne racontant que des trucs soit vides soit fabriqués artificiellement.

Revenons au cœur du sujet. Ce morceau, et l’album de manière générale, expriment le sentiment d’être enchaîné, condamné à mourir comme tout humain ; le fait de vouloir vivre, renaître malgré tout, ou parfois hélas l’inverse, et de ne pas toujours avoir ce choix face aux « lois impitoyables de la nature ».

D’habitude je ne veux pas tenter de traduire ce que racontent les artistes de peur de faire de la merde (et aussi parce que mon cerveau refuse toujours d’accepter qu’il existe des gens qui ne trouvent pas l’anglais cool et galèrent pour lire et comprendre les versions originales), mais aujourd’hui je vais faire une exception (et de mon mieux) :

Pendant que j’écrivais Okovi, des gens très proches de moi essayaient de mourir, tandis que d’autres essayaient désespérément de rester en vie.

Mince quel con, j’ai pas présenté Okovi, en fait. C’est l’album de juste avant ce concert ; le plus récent à l’heure où j’écris cela. Il est selon moi au-dessus de ce qu’elle a fait avant ça (mais faut que je me repenche sur le reste), et a une identité assez forte. Assez électro dans l’ensemble, et plus sombre peut-être. En fait j’ai commencé par ça, puis j’ai été drogué et j’ai pris le live. Jetez donc un œil à cet album si vous voulez une approche plus carrée. Il est en tout cas (sans surprise) largement représenté dans ce concert. Il y a aussi des « ajouts » qui sont sortis plus tard (l’un des morceaux est dans le live).

Il y a aussi des moments plus festifs, même si une nappe de sombritude et de sérieux surplombe globalement l’album. Il ne faut pas trop trop se fier à cet Exhumed, qui, en réalité, a été composé en grande partie genre deux ans auparavant, dans un élan de colère, puis sorti des tiroirs dans un flash d’inspiration et un peu rallongé et complété.

Monkey3Sphere

Pink Floyd-esque surfaces that collide with gritty riffing and noisy outbursts.

Truc instru suisse un peu psyché. Je garde un œil sur eux depuis longtemps et j’ai enfin fini par en acheter quand cet album a poppé dans à peu près tous les classements annuels de la Terre. Ça m’a sorti de ma torpeur, quoi.

Que dire ? Ça « suinte la classe ». Les mecs ne font qu’un, un peu à la Russian Circles, mais en version space, psyché, un peu stoner. C’est accessible malgré la taille des morceaux et la profondeur du bouzin ; j’aurais tendance à recommander ça à un peu n’importe qui, adeptes comme novices du genre.

Ils pourraient tomber dans le pur truc de drogué qui reste mou et tourne un peu en rond – pas forcément désagréable, mais genre je ne m’enfilerais pas forcément l’intégralité des jams de Stone Rebel en une fois, quoi –, mais il y a une bonne dose d’éléments épiques ou simplement puissants, qui donnent l’impression que l’on est en train de triompher avec style d’obstacles colossaux (voir Ida comme bon exemple. Bordel de nom de nom, la seconde moitié est patate). Les cinquante-et-quelques minutes du disque passent effroyablement vite.

Bon par contre je me dois de pousser une gueulante : Ils font un peu iéch à ne mettre que certaines pistes en previewable sur Bandcamp. Ça représente un ou deux pourcents des albums que je croise, et je pige vraiment pas ce que les gens y gagnent, surtout quand lesdits albums sont dispos en entier de manière officielle sur YouTube, avec un son pas fifou et un flux vidéo souvent inutile. Ça a failli me faire passer à côté de bons albums, et je ne manque pas de le signaler poliment en fin de commentaire.

KaatayraSó Quem Viu o Relâmpago à Sua Direita Sabe

De uma fissura que rasga a realidade, foi cuspida a psiquê, devastadora como trovões.

Mec sorti de nulle part en 2019 et qui pond d’un coup, grosso modo seul, des albums abusés à la pelle. Les gens sont en mode : « c’est quoi ce bordel, comment il fait ? »

Je m’en suis repassé pas mal pour savoir quel album et quel piste foutre ici, et wow, c’est encore plus abusé que dans mes souvenirs. Mon choix s’est porté sur ce « Seuls ceux qui ont vu les éclairs à ta droite le savent », mais chaque (souvent gros) morceau est une enfilade de perles, avec bien des surprises.

C’est du bon vieux black atmo sur le principe, mais avec de la spiritualité brésilienne à gogo, et des passages tribaux et tout. Ici on se mange aussi une chiée de trucs acoustiques dans un enrobage très folk, mais c’est si bien fichu et mélangé au black classique qu’il a fallu que je lise des commentaires d’internautes pour me rendre compte de la (quasi ?) absence de guitare électrique sur cet album-ci. Diantre.

Oh et les paroles sont en portugais, bien sûr. Et plutôt travaillées, de ce que je peux voir à travers le prisme imparfait d’un traducteur automatique. Des fois il y a des voix cheloues qui font genre « Who-ôh ! » ou ce genre du trucs. Pas chercher.

J’ai fait du sport dessus, des fois. Sinon au moment de dormir ça fait une ambiance sympa, dans le lit et tout.

La plupart des pistes sont assez costaudes ; on se perd un peu dans les méandres, mais c’est sans rancune : ça se vit plutôt comme la lecture d’une nouvelle : on ne se rappelle pas toujours d’où on est parti ni par où on est passé, mais les émotions et impressions restent. Ça donne même un côté arboricole, forestier à l’ensemble.

Cette piste, la title track, nous fait voyager de ouf, avec limite des sonorités asiatiques (wtf) à un moment. Ou plutôt, on va dire qu’elle ramène des contrées lointaines dans une forêt brésilienne, à nos pieds, et nous fait contempler tout ce bouzin, dans une réflexion sur le fait que la nature c’est stylé et que les humains oublient et sont oubliés avec le temps, et que nulle conception d’un dieu quelconque nous épargnera cela. À noter aussi la piste précédente, Desnaturação de Si-Mesmo, avec une grosse espèce de passage façon samba pluvieuse en plein milieu. À vrai dire, presque chaque piste dispose de plusieurs facettes ; on est jamais bien tabassés pendant dix minutes sans interruption. Et même son « tabassage » à lui est plutôt édulcoré, ou plutôt « chlorophyllé ».

Si vous êtes pas trop hermétiques, testez les autres albums, moins acoustiques et tout. Oh et tain limite le mec a tout foutu à prix libre, je crois. C’est ouf.

Voilà

Je me suis arrêté à dix au lieu de douze ce coup-ci. Ça fait déjà pas mal de trucs à ingurgiter, pis moi il faut que je veille à garder des activités diversifiées.

Je rappelle qu'une bonne partie de mes récents achats de musique sont ici, si jamais vous n'avez vraiment rien à foutre :
https://bandcamp.com/alice_m

Et pour le reste :
http://www.alicem.net

Bonne journée.